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Retour sur un moment privilégié partagé ensemble à distance avec le psychologue Éric Dudoit, sous la forme d’une veillée, pour le soir du 2ème anniversaire de l’envol de Louca, avec Laurence et Davy.
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Etre confinés nous permet d’être dans une solitude intérieure, et il n’y a que dans cette solitude extrême que l’on peut arriver à faire avec le manque. Ailleurs dans nos vies, on sait faire semblant. Mais à force de faire semblant, de se fabriquer des faux-self, on se perd, on devient un «semblant». C’est bien sûr une protection pour ne pas ressentir trop fort le manque.

Car quand on aime, on a besoin de la chair. Quand je suis absent à la chair de l’autre, aucun mot ne peut m’aider. Mais il existe des passerelles. Il faut trouver en nous quelque chose qui fasse pont. Parce que ce manque est, il peut faire pont. Quand quelque chose vit à l’intérieur de moi, il peut vivre à l’extérieur de moi.

On ne peut pas tout partager. Il y a en nous une zone dans laquelle on est seul. Les rituels permettent d’ouvrir des portes entre un espace profane et un espace sacré, un temps normal et un autre temps. Et c’est dans cet autre temps, cet autre espace, cet entre deux où je me mets le plus en harmonie avec lui, que je peux rencontrer mon enfant. Il existe trois moyens dans toutes les religions pour aller dans cet ailleurs : La méditation, l’instrospection et la prière.

Comme Nietzsche invite à aller par delà les frontières du bien et du mal, il nous faut dépasser les frontières de ce qui est vrai ou pas, de ce qui est là ou pas. Et dans cet espace « au delà » du vrai et du faux, on est dans la joie. Car comme le rappelle Eric Dudoit, « Dans l’amour de cet enfant que vous avez perdu, il y a la liberté et la joie que vous ne l’avez pas perdu. Le manque peut devenir le moteur de ce qui le nourrit. »

Et Eric Dudoit d’ajouter pour les parents de la veillée : «Votre mission, c’est de changer la façon dont on dit au-revoir à son enfant. À son enfant, mais aussi à tous ceux qu’on aime quand arrive le moment de leur départ. C’est votre chemin de demain. On est tous amenés à le vivre. L’éveil de la psyché passe par ce chemin, et on ne peut pas en faire l’économie. L’expérience du manque, de la nuit de la solitude, de l’incomplétude. Vous êtes des éclaireurs sur ce chemin. »

Pour illustrer le chemin initiatique de ces parents, Eric Dudoit évoque la métaphore du métier à tisser : quand on le regarde de dessous, les fils semblent entremêlés sans dessus dessous et on ne parvient pas à distinguer de motif. Et quand on regarde la tapisserie par dessus, on découvre que chaque fil, chaque point avait sa juste place, et dessine un motif distinct. Les parents en deuil de leur enfant regardent la tapisserie de dessous. Mais le motif existe même s’ils ne peuvent le voir encore.

Au terme de la veillée et en hommage à Louca, Eric a lu un poème de Babaji que nous sommes heureux de reproduire :

“Aime et sers toute l’humanité.
Assiste chacun.
Vis dans la joie. Sois courtois.
Sois un moteur de bonheur irrépressible.
Vois Dieu et le bien en chaque visage.
Il n’y a aucun Saint sans passé.
Il n’y a aucun pêcheur sans futur.
Prie pour chaque âme.
Si tu ne peux prier pour l’une d’elle…
Laisse-la passer son chemin.
Sois original. Sois inventif.
Ose, ose et ose plus encore.
N’imite pas. Demeure sur la terre qui t’est propre.
Ne t’appuie pas sur les emprunts aux autres.
Pense par toi-même. Sois toi-même.
Toute la perfection et toutes les vertus de la
Déité sont cachées au fond de toi.
Révèle-les.
Le Sauveur, Lui aussi, Est déjà à l’intérieur de toi.
Révèle-Le.
Laisse Sa grâce t’émanciper.
Laisse ta vie être celle d’une rose, Qui, dans le silence,
Parle le langage Du parfum…”

BABAJI

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