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Mardi 10 janvier 2017, 20h58 : ton cœur a cessé de battre, tu viens de rendre ton dernier souffle dans mes bras. Depuis ce matin je me bats, non plus pour que tu vives, mais pour que tu meures de façon digne, entourée par l‘amour de ta famille mais aussi de certains soignants, dans le respect et le calme. Après une longue discussion avec tes pédiatres, où je leur demande de te laisser mourir dans le calme et la dignité, leur décision est prise : « Il n’y a plus d’espoir raisonnable pour Gisèle, nous allons l’extuber aujourd’hui. »

Je leur demande d’attendre 20h pour que la boucle de ta vie soit bouclée.

Ma fille, tu es née le 10 juillet 2016 à 20h01 et ce soir, le 10 janvier 2017, à 20h58 tu mourras.

6 mois de vie, 6 mois intenses, cauchemardesques et miraculeux à la fois.

6 mois à combattre ta pathologie. Ce soir, tu vas pouvoir déposer les armes, dans mes bras, et déployer tes magnifiques ailes, mon ange.
Pendant 6 mois j’ai été Mélisa la maman de Gisèle. Maintenant, je deviens ta mam’ange pour l’éternité.

Ce 10 janvier 2017 est marqué au fer rouge dans ma tête, dans mon corps et surtout dans mon cœur. Plus jamais ma vie ne sera pareille sans toi. Plus jamais les jours ne seront ordinaires. Ma réalité a complétement basculé dans un univers parallèle, entre Ciel et Terre.

 

10 janvier 2018 : 1 an que tu t’es envolée mon adorée.

Un miracle d’amour s’est produit en moi il y a quelques semaines, ta petite sœur a pris vie dans mon ventre, elle est toute minuscule, elle grandit, elle se développe. Je ne sais pas encore si c’est une petite fille ou un petit garçon, tout comme je ne sais pas si tout ira bien pour ce bébé,  car c’est beaucoup trop tôt pour le savoir.

Pour me protéger de la mort, de la douleur, de tous ces souvenirs, je fais comme si ce 10 janvier était un jour sans toi, comme les autres. Un jour sans toi « ordinaire ». Pardonne-moi mon amour, je fais comme je peux…

 

La vérité, c’est que je suis terrifiée que la mort prenne à nouveau mon enfant et qu’à nouveau je me retrouve sans mon bébé.
Même les pingouins, ton symbole pour moi,  je les fuis désormais, je les interdis même à ma famille. Je maudis ceux qui osent me rappeler que tu es morte il y a 1 an par leur message de soutien et d’hommage, qui sont pour moi, à ce moment-là, comme des coups de poignard, des rappels du malheur qui pourrait s’inciter à nouveau, fort de ces rappels. Je m’isole encore plus que d’habitude.
Je te garde en moi, tout au fond de moi, je ne dis rien, je ne publie rien, je ravale mes larmes, je me tais toute la journée, je pense à toi, je nous pleure dans mon cœur à gros sanglots, mais sans rien montrer, toujours avec le sourire. J’attends que les heures passent et que cette fichue journée se termine, comme si elle n’avait jamais existé, en me focalisant sur cette nouvelle vie qui grandit en moi, avec l’espoir inconscient de, peut-être, te retrouver en elle.

 

Courant novembre 2018, j’ai revu une ancienne collègue, qui est, comme moi, maman de deux enfants. On se raconte nos vies et nos drames, car la vie ne l’a pas épargné non plus, puis au fur et à mesure de la discussion, on parle de nos enfants. Je lui parle de Circé, qui est né depuis, le Bonheur de vivre à ses côtés, d’être sa maman et je lui dis aussi que je suis fatiguée car je me remets à peine de l’hémorragie de la délivrance, qui a failli me coûter la vie, suite à mon accouchement, et elle me dit cette phrase sans s’en rendre compte : « Ne te plains pas, tu n’en a qu’une, moi j’en ai deux à gérer ! »

Je n’ai rien dis tellement sa remarque m’a foudroyée le cœur, j’ai hurlé en moi : « Non je suis comme toi, j’ai deux enfants, mais toi tu as la chance qu’ils soient tous les deux vivants ».

Je suis retournée à ma voiture et quand je me suis retrouvée seule j’ai éclaté en sanglots. Je suis rentrée chez moi, où j’ai retrouvé ma Circé, je l’ai serrée contre moi et je lui ai dit : «  Tu vas vivre comme une enfant unique mon amour, mais n’oublie jamais que ta grande sœur vit dans le ciel et qu’elle veille sur toi, tu as une grande sœur ».

J’ai ensuite compris que pour être en équilibre dans ma tête, dans mon corps et dans ma vie, j’avais besoin d’être ta mam’ange et sa maman à chaque instant de ma vie désormais. Toutes les 3 unies.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de faire comme si tout était normal, en t’achetant des jouets, des habits,…. Non ma réalité de mam’ange ne me le permet plus pour toi, simplement, vivre en étant ta mam’ange : Penser à toi dans la joie ; Sourire en voyant des petits pingouins ; Accepter pleinement les signes que tu m’envoies ; Mélanger toutes nos photos de familles ensemble, sans séparer les tiennes de celles de ta sœur ; Oser pleurer parce que tu me manques sans gêne des autres et être pleinement ravie car ta petite sœur me fasse ressentir tant d’amour et d’émerveillement,…

Tout doucement je me remets à écouter et chanter les chansons d’Henri Salvador que nous écoutions ensemble, tout en laissant couler mes larmes, car être ta mam’ange veut aussi dire être en manque de toi et donc avoir cette tristesse profonde dans le cœur, une âme aussi exceptionnelle que Toi laisse un vide.

Je me suis faite tatouée le portrait de notre famille sur le torse, un portrait sublime réalisé avec soin par mon tatoueur, d’une symbolique remplie d’amour. Il a réalisé le portrait de famille que j’ai au plus profond de mon cœur de maman : mes deux filles réunies autour de moi et dans mes bras, en même temps, c’est inestimable à mes yeux !

Tu n’es plus là physiquement, on ne te voit plus mais je te sens partout en moi, tellement fort, tu vis en moi, comme dans un état de grossesse éternelle, tu es juste montée te lover un peu plus haut dans mon cœur ma chipounette.

Je sais, désormais, que pour être en équilibre j’ai besoin de notre famille à toutes les trois « My Family Love » comme j’aime à nous appeler toutes les 3.

Avec le recul, je me rends compte que la journée qui a été la plus douloureuse de tout mon deuil, c’est ce fameux mercredi 10 janvier 2018 où je me suis interdite de te ressentir pour ne pas souffrir, car cela a été tout le contraire qui s’est produit en moi, comme si tu étais morte une fois de plus.

Dorénavant, je refuse de faire comme si de rien n’était parce que d’après les gens c’est mieux comme ça, ça sera moins douloureux d’oublier, de tourner la page». A se demander si faire l’autruche ou silence n’est  pas plutôt pour les protéger eux de notre réalité qui les dérangent dans leur petite vie.

Tourner la page sur mon enfant : Impossible, Gisèle vibre dans tout mon être.

Jeudi 10 janvier 2019 : Quelle douce journée pour tes 2 ans d’envol mon trésor !

Aujourd’hui, je te célèbre. Nous allons te rendre hommage, j’ai décidé de faire de ton envol « la célébration de notre amour inconditionnel ». Je ne pourrais pas m’empêcher de tout revivre, heure par heure, comme le dit si bien Nathalie « le corps et le cœur ont une mémoire qui nous rappelle cette fameuse journée même inconsciemment ». Donc comme je ne peux l’éviter et bien je vais embellir ces heures et dorloter ma mémoire ! Ta petite sœur est là, elle va bien, grandit en bonne santé, elle est le soleil de ma vie et toi tu es la Lune de ma vie. Je m’apaise au fur et à mesure des mois qui passent.

J’ai repris ma place au sein du Point rose il y a quelques jours et j’ai décidé lundi dernier de t’organiser une fête d’envol. D’ailleurs, je remercie Nathalie et le Point rose pour avoir choyé mon cœur de mam’ange en te célébrant eux aussi, nous sommes unis tous ensemble grâce à nos anges d’amour du Ciel. Ça m’a réchauffé le cœur de voir que l’on ne t’oublie pas.

Un présent inattendu m’a tourneboulé le cœur d’amour : une magnifique Mam’zell Pingouin en tricot. Je ne sais comment l’expliquer clairement mais je ressens alors un mélange de gratitude et de douceur, qui s’écoule dans un flot de larmes. Je regarde ton portrait et ton beau sourire me réconforte, comme si tu me disais : « Tu vois maman, tu n’es pas seule, on ne m’oublie pas, je t’aime »

 

Je reprends ma plume, pour témoigner, et à nouveau continuer à faire vivre notre histoire. Peut-être, au travers de mes mots, apporter un peu de réconfort à d’autres par’anges comme moi.

Avec ta petite sœur, nous faisons les boutiques pour te préparer une belle fête, je te ressens en moi, tellement présente. Chaque jour qui passe, tu me montres à ta façon que tu es Partout où je suis, avec nous. C‘est notre Amour Inconditionnel qui me nourrit chaque jour. Et c’est surtout quand je vais bien que tu rayonnes le plus, car je laisse place à la Vie et donc à notre Amour.

Ton petit pingouin rose a refait surface, comme si il était rené de ses cendres. Bon dans ce cas précis, il est surtout ressorti de ma boîte à souvenirs !

 

Dimanche 13 janvier, c’est sur le son de ma voix que nous lâchons des ballons plein de couleurs vers toi, c’est très émouvant, même si c’est un bref instant, un lâcher de ballons est un moment où l’on se pose en communion avec l’être envolé, et où l’on prend conscience de tout.

La chanson que j’ai fait pour Tes 1 ans résonne dans l’immensité de l’Univers, pour te dire ce que tu sais déjà : « Maman t’aime plus Haut que les Etoiles, pour l’Eternité »

Puis nous dégustons un bon gâteau, avec du café et une coupe de champagne, dans un décor que j’ai pris le temps de composer et créer pour Toi, en ton honneur.

Un prochain 10 janvier, j’organiserai peut-être tout autre chose, mais pour ce 10 janvier 2019, c’est ce que mon cœur a eu besoin d’accomplir pour toi.

Bien évidemment, quand on organise de tels événements pour notre ange, le “retour à la réalité » de notre vie quotidienne de par’ange est un peu comme un long moment de flottement, comme si nos batteries étaient déchargées après un tel déploiement d’énergie et d’amour.

C’est étrange, je ressens comme un loupé, une fois la journée finie, comme si j’avais oublié de faire quelque chose, pourtant tout était parfait ! Sauf que Toi tu ne me tenais pas la main, cette main qui sera toujours orpheline de la tienne. Tu manques à mon cœur chaque jour, c’est pour cela que tu le remplis d’autant d’Amour petit cœur de beurre.

Je suis tellement heureuse et fière. Merci de me donner cette Force d’En-Vie et de Vie.

 

Il y a quelques mois, j’ai redonné vie à ma vie de maman, en donnant la vie à ta merveilleuse petite sœur Circé ;

Aujourd’hui je redonne vie à ma vie de mam’ange en te célébrant ma Gisèle.

J’ai besoin de vous deux pour être entière, vous êtes mon équilibre entre ciel et terre.

Ta petite sœur et Toi êtes les deux Grands Amours de ma Vie.

En te rendant hommage mon amour, j’ai à cœur de transmettre à ta petite sœur que la mort n’est pas un tabou car elle est inévitable et qu’elle peut survenir à tout moment. 

Que la mort fait partie de la vie, c’est pourquoi il est vital de s’aimer, de prendre et d’accorder du temps aux gens que l’on aime tant que l’on est en vie pour le faire et de célébrer l’Amour ensemble ; 

Que dans la vie on ne contrôle pas grand-chose, et que la façon dont on fait face à la vie peut être soit négative, soit positive. Moi, depuis le début de mon deuil, je choisis la façon positive. Ça n’est, certes pas la plus facile au quotidien, mais c’est celle qui rend le cœur le plus heureux et qui rend la vie plus belle ! 

Que l’on n’oublie pas nos anges, au contraire. On les fête ensemble dans la joie de leur souvenir, car la mort n’est pas que Tristesse et Manque. Elle est aussi Joie et Renaissance.

 

Et surtout que la mort n’est que la fin de la vie terrestre car l’amour est plus fort que tout et il est Eternel. Comme l’enseigne le Renard au Petit Prince, « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ! ». Et tu m’apprends à te chercher et à te voir avec mon cœur.

Circé va grandir en fille unique, car tu n’es pas là, physiquement, pour grandir à ses côtés. Néanmoins je souhaite que tu vives aussi dans son cœur et qu’elle puisse dire joliment : « Ma grande sœur vit dans le Ciel, c’est mon ange gardien plus Haut que les Etoiles”

Célébrer ton envol dans l’Amour Inconditionnel et la Force de Vie, car tu as été une véritable guerrière courageuse, souriante et déterminée et que je veux que tu sois fière de moi et de ta famille.

Parce que le 10 janvier ne pourra  jamais plus être un jour ordinaire… Je vais en faire, à ton image ma Gisèle, chaque année de ma vie, un jour extraordinaire avec TOI.

 

Mélisa Annaloro, le 19 janvier 2019

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