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Nous partageons les mots sublimes d’Arnaud ce 12 février jour de l’anniversaire de la mort de Nivan.
Un hymne à la vie et à l’amour, encore et toujours. Peut-être plus que jamais au fil des années.
Merci Arnaud de partager avec tant de justesse et de beauté le chemin de souffrance, d’amour et de vie d’un papa pour son fils.
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“Il y a 5 ans, il me restait quelques heures auprès de toi, auprès de ton corps exsangue, au contact de ta peau si jeune et déjà épuisée par les outrages imposés par la maladie arrivée pour briser ta vie ;
Je pense à cette date et à ce moment ou mes lèvres se posèrent pour la dernière fois sur ta bouche depuis des semaines ;
Elle est une partie de toi, de nous, une part de notre histoire et la fin d’une vie qui ne peut supporter l’oubli ;
Ne pas oublier est une évidence, t’honorer une obsédante espérance et faire connaitre ta vie et ton destin une vaine irrévérence à la mort venue prendre ton enfance;
Depuis des mois je n’écris plus sur toi mon amour, les mots ne sortent plus, comme figés et emprisonnés en moi pour mieux habiter ma vie et m’emplir plus encore de toi dans mon quotidien;
Je t’écris dans le silence de mes actes, dans la banalité de mon quotidien, dans le savoir que je tente de propager et dans l’amour que j’essaye modestement de diffuser du reste de ma vie ;
Car je vis mon amour et il m’en a fallu du courage pour l’écrire aujourd’hui sans détour ;
J’ai tant de fois rêvé que la mort vienne me saisir à mon tour, que dans un éclair lumineux elle me prenne par amour pour unir à nouveau notre incroyable parcours ;
Mais je vis mon amour et il m’a fallu admettre le cœur lourd que le mien battait toujours;
Alors en cette nuit ou te penser vise avant tout à t’honorer, je veux juste te dire que je n’ai rien oublié;
Que les larmes qui jaillissent en cet instant en mes yeux pour perler vers ma bouche désormais salée de te penser sont un mélange de toi que je veux aimer comme on s’abreuve du nectar de l’amour d’un fils délicieux ;
Je n’oublierai jamais ton sourire lumineux, ta curiosité folle et ton visage malicieux;
Je me nourris de tout ce que tu es dans un quotidien que pourtant pour rien au monde je ne voulais;
Je pense nos partages et tes paroles de sages, je revis nos voyages et ton infini courage;
Tu étais ma raison de vivre, tu le demeures encore et pour habiter ta mort, j’incarne nos valeurs et ce que j’ai compris de ta vie, toi tombé au champ d’horreur de la maladie ;
Je suis le gardien de ton temple et des leçons que tu m’as donné du haut de tes douze années;
Je n’en possède pas toutes les clés mais j’essaye de deviner ce qui dans mon quotidien pourrait t’animer et faire que tu aurais aimé;
Je donne comme tu savais aimer, je me lève chaque matin comme tu l’aurais sans doute souhaité;
Je ne suis plus le même, je me sais amputé à jamais mais j’essaye malgré tout de danser dans la nuit comme tu l’as fait avant moi mon trésor englouti;
Il y a quelques semaines marchant main dans la main avec Alix dans les rues de Nancy, elle me révéla une conversation tenue en ta compagnie quelques jours avant de clore ta si brève vie;
De sa voix douce et tendre, elle m’indiqua que tu lui avais avoué dans une confession intime craindre pour ta vie;
Elle me dit aussi que plus encore que de ta propre vie, tu avais alors abordé notre survie, soucieux de l’impossible oubli qui allait ruiner notre quête d’ataraxie ;
A l’article de la mort tu délivrais encore des cadeaux, pensant aux autres avant de penser à toi, comme on signe son œuvre de la pointe de son épée avec une immense noblesse mon altruiste chevalier;
Tu étais le don de soi et de sa vie, la faculté à s’oublier pour ne pas blesser et préparer cet après que tu avais fini par admettre de ta sagesse infinie ;
Je me souviens de cette nuit ou tu avais compris, tu m’avais alors dit de ce lit devenu le cercueil de ta vie : « Tu sais papa, ce n’est pas bon signe, on a à peu près tout essayé et mon état ne s’améliore pas »;
J’avais alors menti comme on aime mon amour, ne pouvant valider une analyse que ta jeunesse bafouée venait à ériger en épitaphe de courage et de dignité;
Alors sache que je n’ai rien oublié de nos rires, de nos silences, de ton humour, de tes luttes, de tes blessures et de tes souffrances;
Je pourrais relater presque chaque instant de ton combat contre la maladie, de ta dignité folle et de la force inouïe avec laquelle tu t’es battu pour honorer ta vie;
Souvent je me demande comme je te survis, ce qui me pousse au matin à raser ce visage marqué par ta vie;
Je sais que même broyé par le chagrin et l’ennui de vivre sans ta main posée dans la mienne, je ne veux cesser de tenter d’honorer ta vie et tes valeurs qui avec moi ne sauraient être englouties;
Je suis l’héritier de ta vie et aussi injuste que soit cette infamie, je veux croire que ma vie rend impossible ton oubli;
Je t’aime.”
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