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Lorsque nous, parents, perdons un jour un enfant, que ce soit à la suite d’une maladie ou d’un accident ou autre chose, notre vie ressemble alors à un immense puzzle que l’on a démoli et dont on nous jette les pièces à la figure en nous disant « débrouille-toi avec il faut le reconstruire ».

Sur le dessus de sa boîte en carton de grosses lettres y sont inscrites:« FAIS TON DEUIL ».

Le temps pour faire ce puzzle nous est compté, car il faut revenir très vite dans le tourbillon de ce qu’on appelle « LA VIE NORMALE ».

Certaines personne nous disent alors : « la vie continue », « il faut aller de l’avant » ou bien « il faut te ressaisir » ou bien encore « courage… tu vas y arriver tu es une femme forte »

Mais il faut assembler une à une les pièces de ce puzzle, qui avant était beau, complet et coloré. A présent, cela nous semble une épreuve impossible à faire, car il y a des pièces dispersées de partout, il n’y a pas de modèle pour nous aider et surtout, qu’aujourd’hui, toutes les pièces sont devenues noires…

Alors on a peur, on est pris de panique, on angoisse, on pleure, on se dit que tout cela est irréalisable, que ce fardeau est trop lourd on cherche de l’aide, auprès de personnes qui seraient dans le même cas que le nôtre mais on ne trouve pas.

On réfléchit (même trop parfois), on s’isole, et on ne sait pas par quel bout commencer. Alors on abandonne tout et l’on perd pieds dans une tristesse infinie et un silence assourdissant qui nous consume petit à petit.

Et puis, après quelques temps de réflexion, on commence à disposer sur le sol les 4 coins du puzzle, ils représentent : Le conjoint, la famille, le ou les enfants qui peuvent nous rester dans notre foyer et les amis.

On commence toujours un puzzle par ces 4 coins car, ils sont différents des autres, ils sont faciles à poser car ils sont toujours placés à la bonne place, et ils sont reconnaissables parmi les autres pièces. Leurs formes familières nous rassurent, et nous savons où les poser. Grâce à eux le puzzle aura un point de départ pour la reconstruction.

Mais il nous reste encore tellement de travail à faire et tant de pièces noires à placer pour reconstruire le puzzle de cette nouvelle vie, où nous avons perdu tous nos repères…

Et puis, au moment où je m’y attendais le moins, j’aperçois un « Point rose » au milieu de tout ce noir.

J’envoie alors un message à une jolie personne nommée Nathalie PAOLI.

Elle ne m’avait jamais vue,  elle ne me connaissait pas, mais elle m’a écoutée avec son cœur. Et je découvre que, comme moi,  elle aussi construisait son propre puzzle, mais sur le sien, les pièces sombres se sont transformées en de jolies couleurs roses.

Elle a customisé la boite de son puzzle avec des perles, et des pompons de toutes les couleurs, car elle aime beaucoup les loisirs créatifs. Et sur le dessus est écrit : « DERRIERE CHAQUE MALHEUR SE CACHE UN PETIT BONHEUR ».

Elle m’envoie alors une invitation à venir la rencontrer ce samedi 2 février. Je ne savais pas si j’étais prête à faire cette démarche, car ma cicatrice était encore trop récente, mais j’ai voulu quand même savoir quelle était sa méthode. Peut-être pouvait-elle m’aider dans ma problématique ?

Après 4h et demi de route, mon mari et moi sommes partis la rejoindre.

Nous avions rendez-vous dans une belle salle chaleureuse. Dès notre arrivée, j’ai vu des hommes et des femmes qui portaient aussi avec eux le même puzzle que le nôtre à construire.

 

Mais, alors que je m’attendais à voir des gens tristes comme moi, j’ai vu des papas et des mamans qui nous ont accueillis avec un large sourire. Avec eux, nous avons partagé des moments plein de vie, doux et très sympathiques.

Malgré leurs histoires toutes différentes de la nôtre, ils nous ont tous offert beaucoup des pièces magnifiques et colorées à placer dans notre puzzle et surtout, ils nous ont donnés une belle leçon de vie.

Grâce à eux, nous avons compris :

Que d’une racine sans vie, peut renaitre une fleur magnifique dans notre cœur si elle est arrosée avec beaucoup d’amour ;

Que la beauté d’un sourire peut transformer même les pires jours en jours meilleurs ;

Que « l’éternel masculin » a ses propres sentiments et des attitudes face aux épreuves dures de la vie différentes de celles de « l’éternel féminin », donc des miens . Qu’il faut respecter ses silences, ne pas demander de réagir, de pleurer, de parler comme nous le faisons car nous sommes différents, mais pas moins souffrants, ni moins aimants. Tout cela est nécessaire pour préserver une vie de couple la plus harmonieuse possible  dans un pareil tsunami.

 

Que les mots des autres transforment un peu notre vide en petits instants de bonheur ;

Que les moments dédiés aux papas uniquement, même s’ils avaient tous des expériences différentes, ont été riches en partages et en émotions. Pour mon mari, chaque témoignage l’a aidé à comprendre la signification de ses propres comportements et lui ont permis d’entrouvrir une porte vers la réconciliation avec lui-même ; on a tant à se reprocher quand on n’a pas pu sauver son enfant… 

En fait, cette idée de rencontre naît au départ d’une même blessure, la perte d’un enfant, et d’une seule et même intention pour cette Association d’aider les parents aux cœurs meurtris à trouver une part de bonheur. Venant de tous les horizons, adultes et enfants semblaient heureux d’être tous là, ensemble, et c’était un très beau moment à vivre.

Nous sommes rentrés chez nous, pleins de belles pièces roses, bleues et de toutes les couleurs qui vont égailler par endroits, notre propre puzzle.

Beaucoup d’espaces sont encore à combler mais nous sommes contents d’avoir fait ce chemin et d’avoir ramené de si jolis souvenirs avec nous.

Merci Nathalie pour ta générosité et ton accueil si chaleureux,

Merci à Eric Dudoit pour sa conférence dont les mots nous ont beaucoup émus et touchés,

Merci « Le Point Rose » et tous les papas et mamans présents pour votre écoute,

Merci aux enfants présents dont les rires et la présence ont beaucoup égaillés notre journée,

Merci aux autres personnes intervenantes qui nous ont si bien accueillis.

Enfin merci à nos enfants, nos petits anges, sans lesquels nous ne pourrions vivre tout cela.

Et merci mon petit Noah, de m’avoir guidée par ton amour à faire cette démarche et permis de  rencontrer ces personnes si bienveillantes.

A tous ceux qui étaient là ce samedi, je vous embrasse. Vous avez une place très particulière dans mon cœur.

Ana et Paul, le 2/02/2019

 

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