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Quand à la souffrance de la mort de son enfant, s’ajoute la perception d’un manque de compassion et de considération du personnel médical, les parents nourrissent une incompréhension et une rancoeur légitime qui vient encore gréver leur résilience. Le témoignage sur notre site d’un infirmier qui a partagé son vécu, ses efforts pour humaniser la fin de vie des enfants et son sentiment d’impuissance, a permis à l’une de nos mamans de se réconcilier avec le milieu médical, et de faire la paix avec la vie aussi. Cet infirmier avait tenu à être présent aux côtés de nos familles le soir du Bal du Point rose. Tous réunis pour fêter la vie dans l’amour de ces enfants partis trop tôt. Quelle plus beau symbole? La magie du partage qui transparaît dans le témoignage de Zohra, 18 mois après son expérience douloureuse à l’hôpital Necker.
“Toi, infirmier inconnu, tu m’as embrassée et dit merci. Dans nos regards croisés, j’ai vu ton âme et ton coeur. Sans  vraiment se parler, j’ai compris….
Toi, infirmier inconnu, j’ai vu dans tes yeux la désolation, le chagrin, la souffrance.
Tu n’as pas perdu d’enfant et pourtant dans ton regard j’ai vu la compassion et tout l’amour et le dévouement que tu as donnés à nos enfants….
Toi, infirmier inconnu, grâce à toi  j’ai pardonné et surtout je suis en paix avec cette haine envers le personnel médical qui m’habitait et me detruisait bien plus que la mort de mon enfant… car pour lui ne reste que l’amour inconditionnel quime lie à lui.
Non pas parce qu ils n’ont pas pu sauver mon enfant, car la médecine aussi a ses limites, nous le savons et nous l’acceptons (peut-être plus que les médecins eux-mêmes), mais par  le manque d’humanité et de compassion au pire moment de notre vie.
« Pour se protéger » m’a-t-on dit, et je ne comprends pas ces mots. Se protéger de qui ? de quoi?  Quand on est face à la mort d’un enfant, et que plus rien ne peut le sauver, que reste-t-il pour l’accompagner si ce n’est l’amour ? Nous parents, on doit puiser dans le peu de force qui nous reste pour les aimer et les accompagner jusqu’au bout. Alors, j’’aurai tellement aimé qu’il en soit de même aussi pour le personnel medical, et trouver auprès de lui un peu de la force que je n’avais plus, et plus de considération et d’amour.
Hélas, je n’y ai trouvé que de l’indifférence, de la fuite, de l’incompréhension, des mots qui paralysent… dans un moment si triste…
On le sait,  on fait médecine pour sauver des vies. Mais quand ça ne marche pas…, que fait t-on ??? On les envoie à la casse comme des épaves de voiture qu’on ne peut plus reparer…
À toi infirmier, je voudrais dire merci d’avoir été avec eux, à côté d’eux.
Aujourd’hui je suis riche de l’amour de mon enfant perdu. Grâce à lui j’ai évolué, grandi, pardonné bien sûr pour ma propre survie….. et surtout pour continuer mon chemin serein et en paix, même si ce n’est pas chose facile.
Alors laisse moi te dire que l’amour est bien plus puissant que la mort que nous connaîtrons tous un jour. Tu étais là, à leurs côtés, Carla-Marie et tous les autres le savent…Rien n’était plus important et plus urgent à offrir à nos enfants.
Toi infirmier, sois fier de toi, relève la tête et tu verras toi aussi la magie de l’amour quand il est de l’autre côté…
Merci pour nous, pour eux, et je suis sûre que la beauté de votre âme, celle que j’ai vue est bien plus riche et forte et vous fera vivre, j’en suis sûre, les choses merveilleuses de la vie….
Nos chemins se sont croisés pour boucler la boucle et continuer chacun notre chemin serein et en paix .
Merci.”
Zohra
Marseille le 19 juin 2019
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